DOOM, le jeu qui a donné son nom à lui seul à tout un genre. Quelle hérésie, plus de vingt ans plus tard d’OSER faire un reboot/suite/onnesaitpastrop sans aucune des figures du studio Id Software et , pour s’achever, de le rendre jouable au pad pour les consoleux. Un affront qui a du provoquer bon nombres d’attaques chez les fans de la première heure, les vrais, les true qui ont écumé les WAD et Brutal Doom en Nigthmare t’as vu.
Et pourtant, un véritable miracle s’est produit. Car Doom version 2016 est un vrai bon FPS.
COME GET SOME!
Dès l’intro, après avoir choisi le traditionnel mode de difficulté ( pas moins qu’ultraviolence, respectez-vous), le ton est donné. Le Doom Guy se réveille dans un sarcophage, un monceau de cadavres autour de lui. Vingt secondes plus tard et un début de briefing violemment expédié, il a récupéré son armure et son pompe. Ca y est, casque vissé sur les oreilles, enfoncé dans le siège, le carnage peut commencer.
Le nouveau jeu d’ID Software ne se perd pas dans d’inutiles explications, le ton est donné: on est là pour tuer, déchiqueter, éclater, écraser, tronçonner, bref pour laisser libre court à notre violence intérieure. L’embryon de scénario que le Doom Guy lui-même envoie chier est plus un prétexte, un “parcequilenfautun” qu’autre chose et c’est tant mieux. Les pères du FPS (il fallait bien que je la fasse) ont laissé de côté presque tout le superflu des jeux vidéo de 2016 pour se concentrer sur l’unique plaisir de jouer. Et force est de constater qu’ils n’ont toujours pas perdu la main.
DOOMINATING
Les armes ne se rechargent pas, la vie ne remonte pas automatiquement et les arènes sont blindés de munitions et power-up et les niveaux de secrets. A l’ancienne on vous dit. Ils ont même réussi à renouveler la formule grâce aux glory kill, ces fatalities ultra gore que l’on peut effectuer sur les monstres lorsqu’ils sont sonnés pour récupérer un peu de vie ou de munition. Ces moves, décriés à leur présentation s’intègrent finalement plutôt bien dans le gameplay et ne sont que rarement nécessaires… Si l’on joue bien! Leur principal défaut étant d’ailleurs qu’ils peuvent rendre le jeu un peu trop facile si l’on en abuse.
Certes, de temps en temps les munitions viennent à légèrement manquer sur telle ou telle arme favorite, mais ce n’est que pour mieux nous obliger à switcher et changer nos patterns. Les armes sont variées et, à part les deux-trois premières, possèdent une patate assez jouissive. Elles disposent en plus de modes alternatifs qui apportent un vrai plus aux combats: mini-missiles, lock pour le RPG, snipe… Mais Doom ne serait pas Doom si malgré tous ces guns, tronçonneuse et BFG n’étaient pas de la fête. Dans cette nouvelle mouture, ce ne sont plus des armes à proprement parler, mais plutôt des capacités spéciales à munitions très limités. Une sorte de panic button bien jouissif, notamment pour la tronçonneuse qui en plus provoque une golden shower (ahem) de munitions.
Vous l’aurez compris, le gameplay et l’arsenal font honneur aux ancêtres. Ils sont en plus servis par un level design plutôt réussi surtout pour les arènes. Car oui Doom est un FPS en arènes et il est clair que 80% du jeu se résume à tuer du streum en straffant pour chopper les munitions, mais avec ici une dimension verticale permanente et très agréable.
Tous ces éléments permettent de très vite se retrouver grisés (la fameuse théorie du flow popularisée par hotline miami) à tourner tout autour de l’arène en évitant boulettes, rayons et charges tout en calculant la trajectoire de sa prochaine roquette en pensant au quad damage qui attend sagement la dernière vague. Un vrai plaisir régressif, que je n’avais pas ressenti depuis longtemps dans un FPS solo. Dans ces moments Doom éclate sans complexe tous les FPS sortis depuis 2000. Mais malheureusement quelques grains de sables viennent assez vite perturber la belle mécanique.
YOU’VE LOST THE LEAD
Je parlais plus haut du fait que les développeurs avaient laissé de côté presque tout le superflu des jeux vidéo actuels. Et bien le presque était important. Car les ex collègues des Carmacks ont quand même tenu à intégrer un pseudo arbre de compétences parfaitement inutile qui bride forcément le début du jeu ainsi qu’un système de runes déblocables grâce à des défis qui, si elles permettent d’adapter le personnage à sa façon de jouer, ne sont au final qu’anecdotiques. Un vrai NG+ (plus de monstres, des nouveaux patterns etc) aurait d’ailleurs été très appréciable pour pouvoir continuer à profiter de son perso.
D’ailleurs on sent qu’il y a du avoir un problème dans la réalisation du jeu ou une volonté d’étirer le jeu, car si la première partie n’est qu’une grosse montée en puissance, on arrive dès la moitié du jeu à un gros plateau qui dure jusqu’à la fin, tant du point de vue du level design, qui après un départ prometteur ,régresse pour devenir très linéaire avec un schéma porte/arène/porte qu’au point de vue du bestiaire. Car si l’on découvre avec plaisir les nouvelles versions des traditionnels démons, il n’y a que peu d’innovation (à par les invokers très funs) et surtout un gros manque de diversité. Ce qui fait qu’à partir de la moitié du jeu, les affrontements se déroulent tout le temps sur le même schéma et les même vagues. Il y a certes quelques boss pour varier les plaisirs, mais ils sont beaucoup trop faciles. Vraiment dommage.
Un petit mot quand même sur le moteur, qui bénéficie d’une optimisation parfaite, avec 60 FPS constants en ultra avec un 970 OC, un I5 4690K et 16Go de ram. Par contre celui-ci souffre clairement lors du streaming de textures qui s’affinent très souvent à retardement en plus d’être parfois franchement moches. Heureusement à la vitesse où l’on va ça n’a que peu d’importance, tous comme les paysages, sympathiques, mais que l’on admire que très peu. La BO quant à elle est au final assez quelconque et provoque pas mal de regrets tant elle manque d’un côté brutal.
Pour finir un conseil rapide sur le multijoueurs (qui il faut le rappeler a été sous-traité). FUYEZ. Voilà. Autant aller sur le dernier Unreal Tournament, vous retrouverez des sensations beaucoup plus proches du solo que ce multijoueur CODisé.
Mais qu’a pu donc passer par la tête du département marketing de Bethesda? Avec sa campagne marketing désastreuse faite de vidéos au pad et beta molles et chiantes, ils ont failli tuer dans l’œuf ce qui sera sans doute l’un des meilleurs FPS de 2016. Et quel gâchis cela aurait été! Car DooM est de retour et il n’est pas content. Chérie, ça va tronçonner.