Si on sort du nucléaire, il faut être cohérent avec sa démarche et ne plus accepter de nucléaire de l’extérieur ni en promouvoir l’usage à l’export.
J’attends de voir les hommes et femmes politiques qui vont annoncer sortir du nucléaire, liquider toute une filière (200 000 emplois directs et indirects en France, en oubliant un grands nombre de petits fournisseurs) et tout son savoir-faire en temps de crise.
Si l’Allemagne est cohérente, elle refuse d’importer de l’électricité française ou suisse qui a, bien qu’elle vienne de retenues d’eau, aura été pompé grâce à de l’électricité française ou locale produite en partie par du nucléaire. L’Allemagne devra céder les parts de ses entreprises qui possèdent des centrales nucléaires dans des pays étrangers et se dissocier des conglomérats où des entreprises de nationalité allemande ayant une participation dans des sociétés travaillant dans l’atome (Areva ou Rosatom pour ceux qui me viennent en tête).
Tout ce que j’attends ce sont des débats chiffrés et pas des déclarations d’intentions. Si on avait la capacité technologique et les moyens pour le faire, on serait tous équipés depuis longtemps en solaire photovoltaïque et thermique et voitures électriques (pas de nucléaire ni d’éolien parce que c’est moche, pas de biomasse parce que ça consomme trop d’espace).
Alors parlons de chiffres et d’investissements : dans la perspective d’aujourd’hui, la croissance économique en berne, la dette publique énorme et contraignante, est-ce qu’on va investir dans des nouvelles capacités de production pour continuer à consommer à un même rythme ou penser à modifier la consommation ?
Je préfère aller investir dans l’isolation (estimé à 30 000 �?�/m2, c’est énorme, sans compter les filière à développer autour) que d’investir dans des capacités de production que l’on dispose actuellement. Un bon post est disponible ici.
Pour le chauffage, en évitant le fioul, on peut utiliser l’électrique (qui parallèlement à une électricité pas chère en France grâce au nucléaire mais nous a conduit à avoir des logements peu isolés), le bois (dont les capacités en France sont importantes et les gérant bien, renouvelables, le potentiel estimé par SOeS est de plus de 100 TWh), le solaire thermique mais dont le coût est important et le bilan carbone pas si bon.
Les Allemands commencent à sortit les calculettes et réalisent que changer de mode de production, ça va coûter très cher. En considérant la hausse des crédits carbone et le coût de l’énergie qui va de toute façon augmenter, ne pas garder les centrales nucléaires jusqu’à leurs fins de vie « légales » me semble un luxe. La transition (c’est leur choix) peut se faire de manière bien plus douce.
Pour le nucléaire, on a des coûts cachés : le risque et le démantèlement (ce dernier est déjà financés par le CEA et EDF a provisionné 16 milliards, c’est affiché dans ses comptes publics) mais l’éolien a aussi des coûts cachés : les promoteurs de l’éolien veulent aussi plus de lignes à haute tension, chose ignorée en général (on pense que c’est local) et du stockage, à petite échelle le courant est bien intégré, à grande échelle il faut stocker donc investir en plus à l’image du turbinage-pompage. Bref j’aimerais qu’on soumette chaque énergie à la même sévérité que le nucléaire en terme de coûts, résistance et résilience notamment en cas de catastrophe naturelle exceptionnelle.
genji>l’EPRc’est 4500 MW thermique mais 1600 MW électrique (33% de rendement grâce à notre cher Carnot) avec une disponibilité d’environ 90%. Une éolienne c’est de 2,5 MW à 5 MW (les 6 MW ne sont pas commercialement prêtes) avec une disponibilité qui varie de 20% à 25% (22% moyenne Allemagne 2010) pour les éoliennes terrestres et jusqu’à 40% pour les éoliennes offshore dans la technologie actuelle. Il faut donc comparer l’électricité produite par les capacités installées.
oliver>Le droit international, c’est fantastique ! (on se rappelle du cas de l’Arabie Saoudite et des pays du golfe qui demandait à Copenhague une compensation en vue de la baisse de consommation de pétrole que les mesures de baisses d’émission allaient engendrer…)
En conclusion : face à ces questions énormes liées à l’énergie, un débat et un choix publique ne suffit pas, il faut que le public ait accès au savoir pour exercer son pouvoir.