[quote=« AnA-l, post:81, topic: 52447 »]
Non, je penses juste que vous avez une vision de l’humain qui est bien trop proche de vous (a savoir un minimum intelligente, raisonnable, et « humaine », ce qui est loin d’etre le cas de la majorité).[/quote]
Je connais des tas gens certifiés Bon Sens Paysan(cc) qui voient bien que quelque chose se passe, pas besoin d’avoir posé plus longtemps ses fesses sur des bancs à l’école. Dans l’agriculture les paysans survivent grâce à des subventions plutôt que par leur travail, et encore étranglés par la triplette infernale publicité-groupes agro-alimentaire-grande distribution alors que c’est bien une filière fondamentale et qu’on s�??assoit dessus. Idem dans l’industrie et l’artisanat. Je ne sais pas d’où tu viens ou quel est ton environnement (pas de reproche ici, ce n’est pas ça qui m’intéresse) mais des gens qui ont conscience de ces problèmes (et pas des écologistes voulant sauver la planète ; des gens pragmatiques) il y en a partout. Suffit de voir le nombre d’Agenda 21 que des communes ont adoptés par elles-même ou par la pression des administrés.
Dans une France jacobine et colbertiste c’est difficile à imaginer car on attend tout d’en haut, du politique (ou pire qu’on va refaire la Révolution, il y a des mythes tenaces en France et on le répète pour exalter un passé bien révolu) alors que les solutions sont aussi locales. Une commune qui sans attendre la fusion de l’exploitation de la sylviculture, va se mettre à exploiter son potentiel en bois, une incitation aux circuits courts, des financements dirigés vers des commerces locaux ou, malheureusement, la reconquête des services publics en berne, le plan d’aménagement des sols, le choix sous critères des projets publics, etc. Le local ça marche mais il faut qu’il soit doublé d’un contexte législatif favorable. La démocratie ça ne marche que si elle est composée de citoyens éclairés et aptes à travailler en ensemble.
Et plus que des lois, le (la) prochain(e) Président(e) devra indiquer un cap, donner un sens sur le long terme, un mouvement. Car je suis persuadé que la France peut se sortir de cette situation. Fini de regarder vers le modèle américain (qui est en déclin inexorable, croissance absente compensée par une dette gigantesque protégée par un dollar tout puissant qui est en train de s’affaisser) ou vers l’Allemagne (natalité effroyable, pays âgé et peu attractif qui se recroqueville sur ses retraites et ses industries en pensant qu’elle est meilleure que le reste de l’Europe dans sa stratégie mondialisée) inventons notre propre modèle comme on a su le faire tant de fois dans l’histoire. Du réalisme, de l’audace, du courage.
[quote=« AnA-l, post:81, topic: 52447 »]
Admettons qu’il y ait acces (vu qu’a priori pour toi c’est le cas, admettons que ca l’est pour tout le monde). Tu penses vraiment que 1) tout le monde va s’en soucier (maslow, tout ca) 2) tout le monde a les moyens de comprendre ce savoir ?[/quote]
Expliquer à un ouvrier (où tout autre français qui sont 20% et n’arrive à boucler leur fin de mois qu’à 50 �?� près) habitant à 20 bornes d’une ville (parce que la pierre est hors de prix) où il bosse en prenant sa voiture quotidiennement ; et qu’avec une plein à 5 �?�, il sera dans la panade, il comprend très bien le message. Mais bon, plus besoin de l’expliquer, ils le voient par eux-mêmes désormais.
Tu sous-estimes sans doute qu’on a tous envie de vivre dans un pays qui nous plaît. Ce qui arrive c’est une remise en cause des biens sociaux, de la retraite, d’un système parfait mais désormais parfaitement en danger. Là encore des tas de gens le sentent bien en France. Mais on se le cache, on se dit (et ça vaut pour nous tous ici je pense !) que la France va s’appauvrir mais, qu’individuellement, on s’en sortira : c’est ce qui ressort des enquêtes d’opinions. Pessimisme national, optimisme individuel. Aux Etats-Unis, c’est l’inverse ! Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas le filet secoureur de l’Etat en cas de pépin, là-bas tu perds ton job mais aussi ta sécu et tu n’as pas de chômage. En France tu continues à percevoir ces fantastiques avantages, qui sont précisément ce qui est en cause.
Pas besoin de maîtriser l’ensemble de ce savoir, c’est bien-sûr impossible. Mais des gens qui savent l’expliquer et le transmettre c’est le propre des hommes et femmes politiques qui savent cristalliser des enjeux pour en faire des idées fortes et enthousiasmantes. Je suis vaguement expert dans le domaine car ça m’a depuis longtemps passionné mais un discours rationnel ne convainc jamais. Napoléon disait : Ce n’est pas avec une démonstration que vous allez convaincre des hommes d’aller se battre sur un champ de bataille.
Mais c’est par contre le rôle d’un citoyen de s’informer et de transmettre s’il en les capacités. D’où mon approche ici plus technique, pour caricaturer un ingénieur ou informaticien ou technicien pourra se remettre en cause si on lui présente des arguments rationnels, un banquier bien moins. Confucius disait (je n’aime pas trop tartiner de citations, c’est plutôt le signe d’un handicap intellectuel mais celle-ci est parfaitement adaptée) « Savoir où est le bien et s’en détourner, il n’y a pas de pire lâcheté ». Le refus de la réalité, le glissement vers une virtualité grandissante, la perte de foi dans une idée plus grande que soi-même, c’est la chute de l’empire romain.
Le message précédent, tu n’y pensais même pas, ravis de voir que la conversation a pu au moins te faire bouger !
J’ai une plus haute idée de la démocratie. Je n’en appelle pas à une dictature éclairée ou quoi que ce soit dans ce genre et je crois profondément à la démocratie représentative, la confiance dans les élus, qui est bien malmenée depuis bien longtemps. Et l’homme providentiel je n’y crois pas.
Notez que je n’ai jamais parlé d’enfants ou de petits-enfants. Je parle de nos générations. La dette on est en plein dedans (mais on fait semblant de pas trop voir le problème), l’énergie on commence doucement à s’en rendre compte et la dépendance est forte, le climat arrivera plus tard, ses effets seront réels mais encore trop peu discernables.
Qu’est-ce que j’aimerais avoir tort. Mais voilà depuis que j’ai vu l’abime, je n’arrive pas à m’en détourner (ce doit être inspiré vaguement d’Edgar Allan Poe… je vous conseille au passage sa fantastique nouvelle Une descente dans le maelström, bien moins pessimiste qu’il n’y paraît).