Ah mais tkt, on est là pour discuter, et je sais pas tout du tout, mon metier actuel c’est la réglementation des médicaments biologiques (donc pas d’homeo), et surtout la partie fabrication/tests/conformité. et je m’occupe à 80% de thérapies cellulaires le plus souvent dans des maladies orphelines. (On parle de produits qui traitent des déficiences génétiques chez des enfants qui ont 4 ans d’espérance de vie, rendent la vue aux aveugles etc etc du coup on est pas dans les mêmes conditions quand on discute bénéfice/risque) Ce sont des produits où les fabricants (qui vont de la PME à la big pharma) perdent de l’argent, les produits sont globalement donnés gratuitement aux quelques patients touchés; donc l’économie de la santé, je m’y interesse par ailleurs parce que ça fait partie de mon environnement large, mais je suis pas professionnel ou expert non plus. Tiens pour faire rager, de temps à autres, je fais du vaccin aussi :-).
Si je devais caricaturer, je te dirais qu’il y a une proportion très forte de patients qui lorsqu’ils ont sur une ordonnance des produits remboursés, te disent « je en prends que les gratuits ».
Mais la caricature c’est rigolo mais c’est pas top. Je pense que tu mets le doigt sur une simplification de ma part qui est d’avoir laisser entendre que 100% des traitements homeopathiques seraient remplacés par des traitements plus à risque (bon un peu en réponse au XX millions économisés = XX infirmières ce qui est très bien pour illustrer un propos efficacement mais ne reflète pas la réalité).
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Un point à garder en tête, très souvent lorsqu’un praticien prescrit ou délivre de l’homeopathie, soit c’est un « convaincu » soit c’est un praticien qui donne de l’homeopathie parce que le patient veut absolument un traitement là où il n’y en a pas besoin (placebo).
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L’impact des déremboursements se traduit en général par une baisse immédiate de consommation de 50 % environ puis une fois que l’usage disparaît on approche à long terme de 20% résiduels (effet pervers, pour compenser les prix augmentent puisque la secu n’intervient plus dans le processus de négociation (là aussi je simplifie c’est pas la secu directement, mais c’est l"idée). Si ça t’intéresse il y a un vieux rapport qui traine ici, je ne sais pas s’il y a quelque chose de plus actuel disponible: http://www.irdes.fr/Publications/2011/Qes167.pdf
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l’équation patient veut un traitement, mais en veut un qu’il n’a pas l’impression de payer = dans une certaine proportion prescription et délivrance d’un traitement de substitution remboursé lorsque l’initial ne l’est plus. Ce traitement est potentiellement plus efficace certes (puisqu’on dérembourse les produits sur critère d’inefficacité), mais donc avec plus d’effets secondaires, ce qui ne se justifie pas si à la base le patient n’avait pas besoin de traitement.
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tu ajoutes aussi le fait que les patients associent déremboursé avec non efficace, donc vont avoir tendance à demander « quelque chose de plus fort ». Encore une fois si besoin de traitement il y a pas de soucis, amis lorsque l’on souhaite donner un placebo sciemment, le fait qu’il soit remboursé ajoute à la crédibilité de la chose.
Peut être que pour résumer je dirais que: rembourser l’Homeopathie est un non sens scientifique et éthique (en fait on a dejà dit ça y’a un an plus haut), y’a 0 éducation derrière. Mais la réalité c’est que l’éducation thérapeutique ça touche 20% des patients (et je suis super généreux) plus 20 autres % qui vont faire nawak amis qu’on va considérer comme « sensibilisés ».
Au final le truc c’est que le placebo (homeopathique ou pas) « ça marche ». donc c’est pas éthique parce qu’on dupe le patient mais c’est efficace dans un certain cadre, du coup ce ne serait pas éthique non plus de ne pas l’utiliser. Du coup on fait quoi? Puis vient l’argument de l’économie, il faudrait que je cherche des exemples de produits précis pour lesquels les infos sont publiques, mais souvent lorsque des médicaments peu chers sont déremboursés ou abandonnés, ils sont remplacés par des médicaments plus onéreux.
EDIT : tiens j’hésite à linker un article plutôt que les sources officielles, il y a des approximations, mais ça capture pas trop mal l’impact potentiel de certains déremboursements, et la logique qui peut se mettre en place. Médicaments : le mauvais calcul de l'Assurance maladie
Il y a avait aussi eu tout un débat sur le déremboursement des produits d’infiltrations dans l’arthrose qui s’est traduit par une augmentation des demandes de prothèses (en gros on a fait des economies en supprimant un produit à 160 euros tous les deux ans (acte médical inclus), mais un certain nombre de patients s’est tourné vers la prothèse à 11000 euros à la place). C’était sous Marisol, donc assez récent, je ne sais pas si un rapport officiel est sorti ou pas.
Ba surtout que dans le cas présent, le département juridique doit se frotter les mains vu ce qu’ils vont pouvoir demander après que ce soit classé sans suites, cf Ketum, cf pilules de 3eme gen etc etc.