Prêt à jeter

On m’avait raconté que c’était Ford qui avait « inventé » le concept ou du moins qu’il avait été le premier à le mettre en place : sur un de ses premiers modèles de Ford vendue en masse il vait demandé que soit receuillie les statistiques de casse de chacune des voitures. Pas pour identifier les pièces les plus fragiles mais au contraire les plus solides avec ensuite comme objectif pour ses ingénieurs de trouver des moyens pour diminuer leurs longétivités…

[quote=“Macgyv, post:41, topic: 52272”]
On m’avait raconté que c’était Ford qui avait “inventé” le concept [/quote]D’après le reportage ça serait plutôt les fabricants d’ampoule lumineuse qui ont commencé ce petit jeu. Et niveau automobile, ce serait GM qui aurait devancé Ford.

J’ai pas vu tout le reportage (jusqu’au moment de la puce qui stoppe les imprimantes après 18000 impressions :blink: ), mais c’est assez intéressant. Je comprend l’idée, le but, et les implications sur l’emploi et le mode de vie mais ça fait quand même réfléchir.

Bha non, l’idée ne serait pas de les trimballer mais de leur donner une seconde vie comme petit disque Flash sur ton ordi (que tu peux déplacer de temps en temps oui). Depuis que j’ai ma 8Go j’utilise quasi plus les autres clés…

L’ennui c’est le nombre d’écritures possibles qui reste, si ma mémoire est bonne (ahahah), assez faiblard sur les clés USB classiques.

Bah le but du jeu, c’est de s’en servir plutôt que de les virer de suite, même si ça fait office de disque temporaire en sachant qu’elles peuvent claquer, c’est toujours mieux que de les regarder au fond d’un tiroir ou d’une décharge.

C’est là que le recyclage peut intervenir: dans un domaine d’activités qui n’était pas prévu pour le produit à la base.

Cette phrase est à mon avis le résultat d’un bourrage de crâne bien réussi par l’économie. (Attention, je ne te critique pas, je suis sûr d’avoir pensé la même chose sur d’autres sujets, c’est juste une constatation).

Ma deuxième quote dans ton post résulte surtout de ce dont je parle dans la première :wink: Maintenant c’est vrai qu’on est, d’une manière, « conditionnés » à penser d’une certaine façon, et qu’on envisagera difficilement de « recycler » un disque SSD en sous-verre, par exemple (exemple assez bancal, j’en conviens :teehee: )

Je recyclerais plutôt ces clés USB en les donnant à des « non-geeks » qui se contenteront bien de 2 Go pour transporter des fichiers word/excel/whatever.

Avec toute les conneries qui existent en USB, le genre de hub que Miaouss suggère aurait déjà du voir le jour non? :smiley:

J’ai vu le reportage il y a quelques temps et en cherchant plus d’info sur le net j’ai trouvé un forum ou on pouvait lire:

[quote]L’OP permet de donner une meilleure dynamique sur un marché qui ne vit que lorsque les ménages s’équipent. C’est à dire que tu vas solliciter le marché seulement une ou deux fois dans ta vie en gros (le mobilier, la robe de mariage, etc). Du coup le marché n’est pas du tout flexible et c’est difficile d’obtenir une corrélation stable entre un investissement de pub pour stimuler la demande et la conséquence en chiffre d’affaires.

Du coup, l’OP est mis en place quand c’est possible (oui, difficile d’autodétruire une robe de mariée) pour améliorer la rotation de la demande dans l’intérêt de tous (de l’entreprise, du marché et du client). De l’entreprise, puisqu’elle améliore son process de prod et les produits fabriqués, du marché pour qu’il reste actif et permet les échanges, et du client pour qu’il ait accès à un choix plus large et à des produits plus performants.[/quote]

Et a vrai dire, plus grand chose m’étonne, avec ce genre de réaction, je me demande ou le monde va et si au final la société de consommation ne va pas finir par nous bouffer.

Ca me fais penser au film “la Belle verte” de Coline Serreau sorti en 1996

Un article très intéressant pas loin de notre sujet.

La Tribune : Internet, machine infernale de destruction de valeur ?

Merci de ne pas s’arrêter au premier niveau de lecture, polémique, mais de lire effectivement la tendance à la gratuité et à l’échange entre personnes. C’est certes très bien à long terme pour la santé de la planète et combat la fuite en avant du capitalisme, mais à court terme d’après cette article ça entraine un risque de déflation. Alors ? Que faut-il faire ? Est-ce qu’on va dans le bon sens, est-ce que c’est une mutation durable ?

moui enfin la tribune est un beau podium à choses, douteuses dirons nous dans un souci de mesure de propos . par exemple ceci : http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20110305trib000605997/pourquoi-la-france-doit-continuer-a-se-desindustrialiser.html

Le vrai problème c’est qu’on ne trouve (quasiment) plus de personne capable de réparer les pannes sans facturer l’équivalent du matériel neuf… Exemple vécu il y a peu:

  • je rentre le soir, je trouve ma machine à laver finie mais le linge non essorée.
  • après quelques essais je m’aperçois que le moteur n’a plus de puissance.

Machine hors garantie, même pas la peine d’appeler le SAV qui va me facturer le déplacement et la panne pour le prix d’une neuve. A ce stade je dirais que 80% de la population serait déjà allé en acheter une. Mon père étant bricoleur, je prend quand même la peine de l’appeler et on passe du temps à chercher la panne. Pendant deux soir, j’ai donc la machine les tripes à l’air dans la cuisine (je vous raconte pas la tête de madame) pour essayer de localiser la panne. Après moults recherche sur le net après avoir éliminer le maximum de pannes, il semble que ce soit l’équivalent de la CM qui souffrirait de problèmes de soudures (vive l’électronique)… Le truc c’est que même ce diagnostique n’était pas sur à 100% (restait potentiellement les charbons du moteur)… Donc je l’avoue, plutôt que de jouer à trouver la panne, j’en ai eu marre direction le net pour commander une nouvelle machine à 299euros.

J’aurais pu sans doute économiser (même en incluant le prix des charbons) en tentant la réparation… Mais cela supposait encore passer du temps dessus, sans être sur de résoudre le problème… Et avec un gosse de 5 ans, une machine à laver c’est diablement indispensable (restait l’option lavomatic mais niveau planning ca devenait un peu la mouise à gérer après le taf).

A noter quand même que la machine était dans sa 10ème année, ce qui reste raisonnable, il est probable que sans cette panne elle aurait pu durer un ou deux ans de plus. Mais pour cela il aurait fallu avoir sous la main un réparateur capable et suffisamment honnête pour ne pas facturer l’équivalent de 50% du prix de la machine pour la réparer.

Pour ce qui est de l’informatique, je pense que l’obsolescence programmée n’existe tout simplement pas, parce que le consommateur est déjà bien assez grand pour renouveler son informatique tout les ans sans même qu’il tombe en panne… Suffit de lui agiter un produit “plus mieux” pour qu’il plonge direct… Pourtant quoi d’indispensable d’investir dans la dernière CG à la mode ?

LOL.

N’importe quoi, c’est juste un changement de repartition des revenus. Il croit que Google se fait pas une fortune en vendant de la pub pour filer un service soit disant « Gratuit », il croit que Ebay ou Paypal se servent pas rondement sur les « echanges entre particuliers »? Forcement avec ce genre de schema de pensé completement a cote de la plaque, c’est pas en France qu’on va etre a la pointe de quoi que ce soit dans la transformation de l’economie…

Serieux, ce mec est economiste? Et aussi c’est quoi la soit disant « fuite en avant du capitalisme »? Capitalisme = droit a la propriété + possesion privé des moyens de production, je vois pas ou pourrait se placer une « fuite en avant » ou en quoi c’est a combattre. A tout melanger on se concentre a attaquer des fantasmes d’un autre siecle au lieu des vraies causes de derives et abus qui sont a un tout autre niveau. Apres on s’etonne quand pas un seul Apple, Amazon, Google, Skype, eBay, <inserer une société qui marche et qui emploie des milliers de personnes et transforme l’economie du pays>, sont originaires de ou installées en France. Mais c’est bon on a vente privée avec 850 employés et Meetic aussi! Ha oui et Total et Loreal aussi, mais bon eux, ils ont des copains pour pas etre emmerdes (ca doit etre la faute au capitalisme aussi). Allez, GO GO nouvelle économie francaise!

Pourquoi est-il aujourd’hui plus rentable de remplacer un équipement par un nouveau au lieu de le concevoir d’une façon plus durable ou de le réparer ?

Bien sûr il y a l’intérêt des industriels pour renouveler des parcs qui arrivent à saturation puis à l’étendre à toute niche limitrophe (une TV par maison puis une TV à écran plat par maison puis une TV par pièce de la maison…), bien sûr notre appétit sans fin de consommation nous a transformés en Danaïdes, remplissant sans fin un tonneau qui se vide sans cesse, bien sûr on a vu depuis l’après-guerre la croissance comme unique moyen d’assurer le bonheur d’une société - et sa stabilité : chacun espérant pour lui ou pour ses descendants un avenir meilleur, une ascension sociale. Des deux bouts de la chaîne on trouve des responsables, politiques, industriels, économistes, consommateurs : inutile de chercher un coupable.

Cependant cette formidable machine à croissance (elle a bien remplie son rôle et tout le monde en était très heureux) a été assurée par deux fondements très simples : un accès à l’énergie de moins en moins coûteux et, de manière plus générale, des matières premières (à quelques exceptions près) qui ont vu leurs prix sans cesse diminués.

Qu’un composant fasse des milliers de kilomètres entre le point d’extraction de ses minerais, de sa fabrication et son assemblage est inefficace d’un point de vue énergétique, il a en revanche minimisé ses coûts de production. Tant que l’énergie est peu coûteuse, elle permet d’aller chercher la main d’oeuvre la moins chère et assurer au consommateur une dépense la plus faible - vis-à-vis du concurrent. Sur toute la chaîne, la seule efficacité recherchée est celle des coûts minimaux.

Tout ça s’est fait indépendamment des ressources réelles en énergie et en matières premières. Le tout multiplié par un accès artificiel au crédit puisque le manque de croissance dans les pays occidentaux depuis maintenant près de 20-30 ans s’est fait en empruntant dans les « pays du Sud » (pour faire rapide) riche en liquidités et en épargne, collectées par la production d’objets à destination de l’Occident. Là encore pas de coupable, tous responsable !

Je ne sais pas quel système peut fonctionner mais celui-ci n’est pas viable à long terme : croissance infinie (financée à crédit) n’est pas compatible avec des ressources finies. C’est la grande question. A l’échelle globale bien sûr mais encore plus à l’échelle de l’Europe qui importe l’écrasante majorité de son énergie et de ses matières premières (ainsi que nombre de biens de base, produits à l’étranger suite à la désindustrialisation rattrapée rapidement par le manque d’innovation) et emprunte dans des mesures telles (et en ordre dispersés !) que leurs dettes les fragilisent pour financer des projets communs d’avenir.

Croissance ? Décroissance ? Prospérité sans croissance (Tim Jackson) ? Je ne sais pas. Mais le modèle créé par les européens est aujourd’hui reproduit dans le monde entier avec une efficacité redoutable par des pays (pas forcément des démocraties par ailleurs) qui empruntent le même chemin qui nous avons connu - et avec une arrogance renouvelés.

N.B. sur le recyclage : un cercle vertueux 100% d’un produit recyclé dans de nouveaux produits de même ordre (c’est-à-dire eux-mêmes recyclables pour éviter les impasses où un produit ne peut plus être lui-même recyclé - je peux détailler si c’est incompréhensible) n’existe pas et est loin d’exister. Un exemple simple sur les circuits électroniques : de tels circuits sont composés d’une variété impressionnante de matières premières diverses (terres rares par exemple dont la production vient aujourd’hui massivement de Chine qui commence à imposer des quotas d’exportation…) puis assemblés dans des configurations complexes en utilisant peu d’énergie. Les séparer de nouveau demande des quantités telles d’énergie aujourd’hui (en attendant l’hypothétique séparation par des bactéries mais c’est encore dans les laboratoires en phase expérimentale) que ce n’est pas rentable économiquement (quand ce n’est pas tout simplement infaisable !).

Pour donner un ordre d’idée, petite devinette : qui détient la troisième réserve d’or non exploités (c’est-à-dire qui n’est pas sous forme de lingots dans une banque) dans le monde ? Le Japon, dans ses décharges électroniques - quand elles sont triées bien sûr.

ahah l’avantage de La Tribune, c’est qu’on trouve vraiment de tout : http://goo.gl/DttlS :smiley:

Je suis pas un defenseur de la culture du jetable, au contraire, mais que c’est completement mal utiliser le mot croissance que de faire le lien. C’est un faux debat, et c’est melanger des concepts macro et micro economies et ca mene qu’a des confusions. Y a rien de mal a avoir une croissance tous les ans pour toujours si on part avec une bonne definition. Et ca a que peu a voir avec les consomation de matiere premiere, ou une societe du “jetable”. Faut pas tout melanger. Tu peux avoir 5% de croissance et faire du 100% recyclable, il y a pas de contradiction.

La croissance c’est quoi? Tu te leves tous les jours pour aller bosser? Ce faisant tu crees des richesses directement ou indirectement. Le total de la masse de richesse cree dans le pays (par ce travail en question) est superieure a la richesse detruite (que ca soit par entropie -i.e. le temps qui passe- qui fait que tout se deteriore ou autre), il y a croissance. Donc en gros si tu fournit un travail tous les jours qui rattrape a peine les choses qui tombent en ruine tu participe au petit 1% de croissance. N’importe quelle economie saine est par definition en croissance sinon elle tombe en ruine. Ca ne presuppose en rien de la maniere dont se fait l’explotation des ressources, ou de la part de responsabilite sociale qu’on decide de s’appliquer, ca dis juste que les gens dans un pays bossent pas pour rien.

La croissance c’est donc l’augmentation du PIB, ce qui est estimée comme la richesse d’un pays, d’une zone économique, d’une entreprise. De ce travail génère du capital, réinvestit pour augmenter l’efficacité de ce travail, d’où croissance. Bien, ça c’est la définition classique de la richesse. Une richesse des flux.

Si on regarde au niveau des stocks, on distingue (pour faire rapide) des stocks non renouvelables, les matières premières en général, l’énergie en particulier. Ces stocks sont très souvent considérés comme élastiques en économie classique.

Et des stocks renouvelables (les bancs poissons, la fertilité de la terre, la qualité de l’air, etc.). Ces derniers n’entre pas dans la définition du PIB, de la richesse des flux. Une atteinte à ces stocks est considérée comme une externalité dans la prise en compte du PIB. Jusqu’alors on traite ce genre de problème lorsqu’il devient un peu trop embêtant (trou dans la couche d’ozone, émissions de sulfures et autres joyeusetés par les centrales à charbon pour les plus connus - problèmes locaux mais résolus par des traités mondiaux) par un système d’échange de bons d’émissions (cap and trade en bon anglois) ou une taxation directe des pollutions. Mais ça se résume à ça (et ça marche ! mais seulement dans ces cas).

Dans le cas de stocks plus « discrets » (moins visibles, plus cachés) comme les ressources en poissons, leurs diminutions à des niveaux qui empêchent leurs propres renouvellements, que se passe-t-il ? En vision des stocks, nos poissons passent en ressources non renouvelables (80% des stocks actuellement sont en incapacité de se renouveler, on est en plein dedans). En vision du PIB par contre, nos pêcheurs créent toujours de la richesse en continuant à pécher et en alimentant toute la chaîne alors que la ressource se fait de plus en plus rare ! (la dynamique des stocks des poissons est plus compliquée que celle de ressources classiques à cause du renouvellement sous certaines conditions et la pêche peut toujours paraître fructueuse alors qu’on est au bord de l’asphyxie).

Le prix du poisson est alors, et c’est vrai pour le prix de toute chose, la somme des valeurs ajoutées par chaque maillon de la chaîne économique (on paie au final chaque acteur qui a contribué à faire attérir sa poiscaille au supermarché). Ce prix est alors indépendant de l’état de la ressource… Difficile à croire ? Je n’ai pas le graphique sous la main (mais j’ai le rapport pas loin) : le prix du poisson n’a jamais été aussi bas (et aussi largement consommé) pourtant sa ressource n’a jamais été autant menacée !

C’est bien qu’il y a un problème dans la formation des prix : prendre uniquement en compte le travail humain et le capital ne suffit pas. La ressource est considérée comme élastique dans le meilleur des cas, infinie dans le pire. Dans le langage comptable c’est ce qu’on appelle la « dotation aux amortissements » liées à la diminution des stocks, sans trop entrer dans les détails mais ça résumé l’idée.

Dans le cas du changement climatique (je suppose ici que tu ne le conteste pas, ça nous fera gagner du temps (: ), s’ajoute le fait que le risque est décalé dans le temps : la pollution immédiate, suite à l’inertie causera des effets (incertains) futurs. En assurance on appelle ça « la provision pour risques ». Et sur ce genre de dangers, on ferait mieux de s’en assurer !

(Tu trouveras un superbe exemple expliquée bien mieux dans le livre d’Erik Orsenna, Voyage aux pays du coton : Petit Précis de mondialisation sur… le coton et la gestion des ressources en eau (autre stock non renouvelable dans les pays producteurs) ainsi que la fertilité des terres. Orsenna conclut en faisant confiance à l’OCDE et son pote Pascal Lamy, mais ça c’est une autre question).

Bref : on se trompe d’indicateur, au lieu de regarder le PIB, la richesse, il faut regarder les stocks. Qu’est-ce que la croissance d’une richesse (travail + capital, vision PIB) lorsque celle-ci porte atteinte a ses propres fondations, considérées comme sûres et acquises par l’économie classique ?

En clair pour revenir aux poissons : lorsque les pêcheurs - je parle des mastodontes qui raclent les océans, pas Marcel le breton et son diesel au large de Quimper - s’apercevront que leur augmentation de richesse les conduits à ne plus l’augmenter du tout car il n’y a plus assez de poissons ?

On est d’accord c’est une question de définition :slight_smile: Le problème c’est peu de gens s’accorde sur la même définition. Les « bonnes bases », il faudra les inventer. Et je répète : 100% de recyclable c’est beau mais c’est impossible (il y a forcément des pertes, comblées par de nouveaux prélèvement dans les stocks).

Une dernière chose (ce post est décidément trop long mais le sujet est vaste et passionnant :slight_smile: )

Sauf que… toutes les rétroactions négatives ne sont pas prises en compte. Exemple : dans le cas du cyclone Katrina, les biens détruits n’ont pas été comptabilisés négativement dans le PIB. En réalité le PIB a strictement augmenté ! Car les destructions ont apportées de l’activité aux entreprises. Externalité, externalité ! L’indicateur est faussé.

Un exemple parmi mille. Cf. les conclusions du rapport Stiglitz, le sujet est vaste.

Ben heu on est bien d’accord alors croissance/PIB et gestion des ressources ont rien a voir, vu qu’ils sont sur des indicateurs completement orthogonaux. Donc critiquer la croissance telle qu’on en parle tout le temps pour défendre une meilleure gestion des ressources c’est se tromper de cible et être en récession+déflation économisera absoluement aucune matière première que ça soit de la poiscaille ou de l’or jaune, blanc ou noir…

J’ai l’impression qu’on est revenu à la case départ du débat.

Et je n’ai jamais dit que la récession était la solution, mais que la mesure actuelle de la richesse est faussée.

Enfin je ne vais me battre contre des moulins, il y a une littérature riche en la matière et ce sont loin d’être des écolos radical anti-croissance.

Tiens, je rebondis sur la question croissance - exploitation des ressources car les points de vue exprimés par Glop et Ghigis m’amènent à une question/remarque.

Certains anciens groupements de populations indigènes de certains continents (indiens d’Amérique du Nord ou d’Amazonie, tribus africaines, populations aborigènes…) sont connus pour vivre (ou avoir vécu) en parfaite symbiose avec la nature.
Je pense qu’il y a eu croissance au sein de ces populations : je n’imagine pas qu’elles aient toujours vécu en autarcie et il devait y avoir un minimum d’échanges entres différents groupements d’un même continent. Or, quand on commerce, on échange ce qu’on a en trop / ce dont on a pas besoin.
D’où je pense qu’il y avait création de richesse et donc croissance.
Je pense donc qu’ils sont arrivés à concilier croissance et gestion efficace de l’environnement qui leur fournissait leurs richesses (pas encore vraiment d’économie de services à cette époque là), dans la mesure où l’irrespect de leur environnement pouvait les condamner.

Vu qu’apparement, y’a des personnes biens calées en éco et domaines connexes sur la zone, est-ce que certains d’entre vous pourraient confirmer mon raisonnement et me donner des pistes de réflexion et /ou de lecture sur cette articulation apparemment réussie entre croissance et gestion environnementale ?

Je peux apporter mon (modeste) éclairage : l’humanité a vécue une longue période de temps dans laquelle elle était soumise à la loi de Malthus (à ne pas confondre avec le malthusianisme - néo ou non) selon laquelle le PIB par têtereste constant, quelque soit les innovations technologiques ! �?a se passe de cette manière : une nouvelle innovation technologique apporte une augmentation de la richesse d’une population (Ex : l’invention du biface à grande échelle qui a permis de chasser plus d’animaux). �?a se traduit concrètement par plus de nourriture disponible, d’où la possibilité de nourrir plus d’individus. En l’absence totale de contrôle des naissances (pas de planning familial à l’époque), la population s’agrandit et le PIB par tête reste constant ! C’est le piège démographique auquel l’humanité a été soumis pendant longtemps avant la révolution de l’agriculture du Néolithique et la théorie des rendements croissants.

Il a été montré par des études économiques (voir le livre de Daniel Cohen, La prospérité du Vice, Une introduction (inquiète) à l’économie) que le revenu par tête depuis les peuples de cueilleurs jusqu’aux premiers ouvriers anglais de la révolution industrielle reste constant !

Toutes les études des peuples confirment cette théorie. Seulement, ils s’y adaptent différemment. On croit souvent que les îles de la Polynésie sont paradisiaques et que leurs peuples ont réussi à déjouer ce piège démographique. En réalité la solution est radicale : ils éliminent dès la naissance les nouveaux nés en surplus pour garder une population à peu près constante (aux mouvements migratoires près).

Autre versant, sans contrôle des naissances : l’île de Paques. Les habitants y ont rasé les forêts, péché les poissons jusqu’à extinction pour… ériger les statues qu’on connait bien, jusqu’à détruire leur propre peuple. Un des cas d’effondrement de civilisation et une analogie frappante avec la notre. Jared Diamond l’explique très bien (bien mieux que moi) dans son livre Effondrement.

En conclusion : il n’y a pas de sagesse séculaire respectueuse de l’environnement. La vérité c’est le piège démographique ! Si les populations avaient un faible impact sur la nature, c’est qu’elles avaient des connaissances techniques trop faibles pour avoir une incidence notable sur leur environnement.

Toujours dans le livre de Daniel Cohen, il explique d’ailleurs que le dynamisme européen qui a connu le bond de croissance le plus impressionnant dans l’histoires de civilisations (malgré le fait que d’autres civilisations étaient plus avancées avant elle, les chinois en tête) : Soumis au piège démographique et l’inévitable constance du revenu par tête, les européens étaient tout simplement trop sales, trop peu hygiéniques, la mortalité y était avancée et brutale ce qui a permis un renouvellement rapide des générations et une élévation de croissance. Contrairement aux chinois ou aux japonais bien plus propres à cette époque. Je conseille aussi ce livre, il est déroutant.

D’accord, merci pour ton éclairage.

[quote=“ghigis, post:58, topic: 52272”]
Autre versant, sans contrôle des naissances : l’île de Paques. Les habitants y ont rasé les forêts, péché les poissons jusqu’à extinction pour… ériger les statues qu’on connait bien, jusqu’à détruire leur propre peuple. Un des cas d’effondrement de civilisation et une analogie frappante avec la notre. Jared Diamond l’explique très bien (bien mieux que moi) dans son livre Effondrement.

En conclusion : il n’y a pas de sagesse séculaire respectueuse de l’environnement. La vérité c’est le piège démographique ! Si les populations avaient un faible impact sur la nature, c’est qu’elles avaient des connaissances techniques trop faibles pour avoir une incidence notable sur leur environnement.[/quote]

L’ile de Paques est un très bon exemple de ce qui pourrait arriver à grandes échelles. En tout cas c’est clair qu’il y a un souci sur les ressources halieutiques.
En revanche au sujet du piège démographique, je ne suis pas sûr qu’il explique tout, je me méfie de certains arguments sous prétextes qu’ils sont à contre-courant ou polémiques et que par là même ils auraient forcément raison “les européens étaient tout simplement trop sales,[…]ce qui a permis […]une élévation de croissance” :blink: ).
Au sujet de démographie il y avait un “Dessous des Cartes” qui démontait certaines idées reçues: Surpopulation : une fausse question

ps glop: au fait ça veut dire quoi rant ? J’ai cherché mais je ne suis pas sûr d’avoir compris les [rant]