Suite à ma réponse sur le très bon article sur le chant des claviers, je me suis dit que ce serait utile pour certains tentés par ce type de périphérique d’avoir une référence plus simple à trouver sur le forum.
Comme l’avis de notre expert et leader @Cafeine a été « clairement j’ai la flemme de faire un dossier complet qui sera au jamais au niveau de ce que je veux expliquer », je me lance !
Les claviers mécaniques
Alors je vais carrément piller l’article sur le mythique HHKB (que j’utilise pour taper ce texte) écrit par @Cafeine :
On peut visualiser un clavier standard dit « à membrane » comme une sorte de sandwich : deux tranches de plastique avec au milieu un circuit imprimé et une feuille de caoutchouc qui forme sous chaque touche un dôme. On appuie sur un symbole, ça enfonce le dôme qui fait contact avec le circuit et hop, grande magie vaudou, le caractère apparaît.
En prenant bien soin d’utiliser une électronique au rabais et du plastique de très mauvaise qualité, ça ne coûte rien à fabriquer. Et pour le même prix, c’est très désagréable à utiliser : il faut complètement enfoncer chaque touche pour que cela fonctionne et la sensation de mollesse due au caoutchouc rend la frappe imprécise. Sans parler de la durée de vie, très relative…
Dans un clavier dit « mécanique » au contraire, les touches sont individuellement activées par des switchs : ce sont des mécanismes indépendants, sur lesquels reposent les keycaps (cette partie amovible où sont gravés les symboles des caractères, que nous n’appellerons jamais « capuchon de touche » sur Geekzone, restons sérieux). Le poids de chaque keycap, associé à ce principe de switch, offre une frappe ferme, qui permet de taper sans enfoncer chaque touche, car le système transmet l’information de la frappe dès les premiers millimètres de mouvement.
Les claviers
Les claviers ont un form factor : une forme générale, une taille, une disposition physique et une disposition.
Forme générale
Il en existe deux à ma connaissance :
- monocorps : les claviers classiques sont monocorps et de forme au sol rectangulaire
- bi-corps (split) : ces claviers sont tout bêtement deux claviers (un par main) reliés entre eux, chacun embarquant en général la moitié des touches de la disposition afin de coller à notre réalité anatomique (même si certains ont un troisième bras parait-il).
Taille
On exprime en général la taille d’un clavier en fonction de la proportion de touches de sa disposition par rapport à un clavier complet de la même disposition linguistique (de 104 touches en ANSI/USA jusqu’à 108 en JIS/Japon).
Clavier Full/100%
Clavier Ten Key Less / TKL / 87%, sans pavé numérique
Clavier Split TKL
Exemple de clavier dit 75%, sans pavé directionnel (mal nommé car le nombre de touche ne change pas vraiment)
Exemple de clavier 60%, sans touches de fonction F1-F9
Exemple de clavier 40%, sans touches numériques
Clavier split 40%
Forcément les claviers raccourcis utilisent des touches de modification supplémentaires (touche Fn par exemple) pour accéder aux caractères qui n’ont plus de touche d’accès direct. Ç’est une gymnastique qui peut demander un peu de travail.
Disposition physique
Le positionnement physique des touches sur le clavier : il en existe deux principales familles décalé ou orthogonal.
Les claviers classiques sont décalé : les touches sont décalées vers la droite d’une ligne à l’autre (E, n’est pas aligné avec D en disposition AZERTY ou QWERTY).
Les principaux positionnement physiques
Attention, il existe des claviers avec des disposition spécifiques, par exemple le HHKB échange le positionnement de la touche Ctrl Gauche et Shift Gauche mais pas leur taille etc… Bref, c’est une indication
Les claviers orthogonaux prennent le parti pris d’aligner les touches, comme par exemple les claviers Planck (des claviers 40% qui en plus utilisent des touches toutes de même taille à l’exception d’espace):
Positionnement physique Planck
L’avantage mis en avant pour ces claviers est qu’ils nécessitent moins de mouvement des doigts pour fonctionner, il suffit de les plier ou les déplier, beaucoup de clavier ergonomiques utilisent ce genre d’organisation.
Disposition
Enfin la disposition correspond à l’enchainement des touches sur le clavier :
QWERTY est la disposition la plus répandue mais aussi AZERTY, BEPO, DVORAK, COLEMAK. Comme vu au dessus il existe par exemple deux versions très répandues du QWERTY (ANSI et ISO, lesquelles ont une touche Return de forme différente mais aussi le Alt droit remplacé par Alt Gr, \ déplacé et deux touches Shift de tailles différentes) et donc deux dispositions physiques et logiques différentes.
Les touches
Dans ce qui suit j’utiliserai touche pour le Key Cap (« le capuchon de touche ») et interrupteur pour le switch (pour le coup c’est la traduction littérale).
Les touches de clavier ont des profils : une forme qui peut changer en fonction de la rangée de la touche sur le clavier et du profil en question.
Les principaux profils de touches sont les suivants, les abscisses sont les rangs de touches sur un clavier complet classique : R1 alphanumérique, R2 contient les touches qwerty ou azerty, jusqu’à Space qui est la dernière rangée contenant la barre d’espace.
- Précision le Mix dans le schéma est le profil MDA (et le profil Topre n’apparait pas) *
En général, les claviers grand public sont en profile OEM.
Vient ensuite la matière de la touche, il en existe quelques unes (il en existe même en métal) mais les plus fréquentes sont le l’ABS et le PBT, deux matières plastiques.
L’ABS (Acrylonitrile Butadiene Styrene) est de très loin le plus fréquent, par rapport au PBT, les touches l’utilisant :
- sont en général moins chères
- se trouvent dans toutes les couleurs imaginables (ou presque)
- se trouvent plus facilement en double-shot (j’y reviens plus loin)
- sont généralement moins épaisses (sonorité moins mate)
- sont beaucoup plus sensibles à l’usure de surface et deviennent brillantes plus rapidement
Le PBT (Polybutylene Terephthalate) est moins fréquent, par rapport à l’ABS, les touches l’utilisant :
- sont plus chères
- sont disponibles dans des couleurs moins nombreuses
- se trouvent moins fréquemment en double-shot (j’y reviens plus loin)
- sont généralement plus épaisses (avec un joli « Schlok »)
- sont texturées (à l’inverse des touches ABS qui peuvent être lisses)
- sont moins sensibles à l’usure de surface ce qui donne un bel aspect mat au clavier
Ensuite le lettrage s’il y en a (il est possible d’avoir des touches sans inscription dites blank) peut changer en fonction des fournisseur. La taille du lettrage et la police utilisée peuvent varier d’une touche à l’autre mais aussi la façon de marquer la touche. De la même façon le texte ou l’image sur la touche peut changer (en général en suivant un thème):
Exemple de clavier au thème Bladerunner 2049
Pour marquer la touche deux techniques :
-
Le double-shot: l’utilisation de deux moules de couleurs différentes (un pour la touche, un pour le lettrage) qui permet, par exemple, d’obtenir du rétroéclairage sur les touches et qui est aussi résistant que la touche elle même.
Coupe d’une touche double-shot -
La sublimation: qui consiste à appliquer une couleur sur la touche moulée, il existe plusieurs options ; par gravage laser, tampographie (grosso-modo en utilisant un tampon) ou sublimation de colorants (dye sublimation, qui passe les colorants à l’état gazeux pour l’intégrer à la matière). La gravure laser est forcément noire mais permet n’importe quelle forme, la sublimation étant la plus résistante.
Enfin la taille des touches est une donnée : par exemple la taille des touches de modification (shift, alt, control) peut changer en fonction des layout de claviers, idem pour la taille de la (ou des) barre(s) d’espace. La taille de ces touches varie normalement uniquement en largeur (avec une exception pour les touches return qui a deux formes possibles) et est donc exprimée en quantième d’une touche seule (U). Par exemple, en général la barre d’espace fait 6.5U donc 6,5 fois la taille d’une touche A par exemple mais il en existe en 2U par exemple (pour les claviers très compacts ou séparés).
Après il y a les touches « spéciales »:
- imprimées sur la tranche aussi appelées Ninja (du nom du clavier les ayant popularisées) :
- transparentes à la base et sur le lettrage (Pudding):
Les interrupteurs
Ils sont essentiellement caractérisés par leur principe de fonctionnement, leur type de parcours, leur résistance et leur point activation.
Principe de fonctionnement
Il existe deux types d’interrupteurs mécaniques :
- les Topre : Ce sont ceux du HHKB, ce sont des hybrides qui empruntent au deux mondes (membranes et mécaniques purs), je ne vais pas y revenir, le boss en parle très bien.
- Les Mécaniques purs : Ce sont des interrupteurs qui sont constitués au moins d’un ressort qui retient un curseur et d’un deuxième ressort (de contact) qui touche un contact métallique sur le curseur lors de l’enfoncement et qui enregistre la frappe (sur le coté du curseur dans l’image suivante). La tige est la partie du curseur sur laquelle le curseur de contact se déplace avant d’enregistrer le contact
Le type de parcours
Il en existe 3 :
- Linéaire : l’interrupteur est le plus simple possible (identique au schéma précédent)
Modèles : Cherry Mx (Red, Sliver Speed, White, Black), Kailh (Box Red, Box Black, Red, Black, Silver), Gateron (Clear, Red, Yellow, Black) - Tactile : la tige génère une vibration sensible mais discrète qui permet de ressentir l’activation avant que curseur arrive en bout de course et frappe le fond de l’interrupteur (bottom down, ce qui provoque du bruit).
Modèles : Cherry Mx (Brown), Kailh (Copper, Box Brown), Gateron (Brown)
- Clicky : le curseur est séparé en deux parties, lorsque la première partie est pressée suffisamment, elle libère la seconde partie hébergeant la tige d’un coup sec qui fait un « click » caractéristique lors de son activation (proche du bruit d’un click de souris). Bon ressenti à la frappe mais très très bruyant (inutilisable dans un open space)
Modèles : Cherry Mx (Blue, Green), Kailh (Bronze, Gold, Box White), Gateron (Blue, Green)
La résistance
C’est simplement une mesure de la force du ressort retenant le curseur en grammes. En général entre 30 et 65 grammes.
Le point d’activation
Il peut être plus ou moins haut en fonction des touches ce qui nécessite de les enfoncer plus ou moins en fonction de ce point d’activation.
Tout ce que je viens de préciser est vrai pour des switches Cherry MX qui sont les switches mécaniques les plus répandus. Il existe d’autre profils de tiges ou d’autres type de fonctionnement chez d’autres fabricants mais le principe de switches linéaires, tactiles ou clicky se retrouve chez tous.
Shops
Je ne peux décemment pas lister TOUS les revendeurs et je ne les ai pas tous testés (faites moi signe pour en rajouter ou donnez votre avis) !
En Europe :
À l`étranger (attention aux frais de douanes et aux taxes):
- Aliexpress …
- kbdfans.com
- pimpmykeyboard.com
- kprepublic.com
- mechanicalkeyboards.com
- wasdkeyboards.com
Sinon pour acheter une touche dinosaure et autres touches d’artisants (attention adeptes du bon goût, risque élevé) : La section keycaps de Drop (anciennement MassDrop) Exemple :